samedi 1 septembre 2012

Une journée bien remplie part 1: Canyon de Chelly


Réveil 6h08 ça pique !!


Le temps d’ouvrir un œil puis l’autre et d’aller jusqu’à la salle à manger (heureusement elle est à moins d’1m) il est déjà presque 6h30.


On engloutit nos bols et on arrive à 6h45 au visitor center où l’on doit rejoindre un ranger, la pleine lune qui nous a empêché de dormir n’est même pas encore couchée.





Personne sauf 4 touristes, et là on apprend que les indiens ont une notion du temps différente de la nôtre.


Passé 7h le ranger arrive enfin, voyant notre van il nous propose de monter avec lui dans son 4X4 et heureusement car on ne serait pas passé sur la piste !




Direction le côté Nord du Canyon de Chelly pour une randonnée vers Ledge Ruin. On arrive pile pour le lever de soleil qui teinte d’orangé les parois striées d’anciennes dunes fossilisées.



On se retrouve à marcher tel des indiens, le long de l’a pic et parfois quasiment à la verticale suivant par moment des marches sculptées dans la roche par les anciens pueblos.


Sans Travis Henry notre ranger Navajo, on n’aurait pas pu trouver ce « chemin » vers le fond du canyon. Qu’on ne pourrait de toute façon emprunter qu’en employant un guide local.





En effet, ce monument national est situé au sein de la réserve Navajo, et bien qu’il soit administré par le service des parcs nationaux, le lieu est toujours habité par les indiens. Certains vivent en haut du plateau, d’autres au fond des gorges et même certaines familles ont des habitations à ces deux niveaux pour alterner selon les saisons.



On se sent privilégié car la plupart des touristes auront seulement une vue panoramique du haut du canyon le long de la route et de quelques points de vues. Pour ceux qui veulent payer le prix fort ce sera une randonnée en 4X4 sur le fond sableux des gorges asséchées, dites Wash, c’est-à-dire qu’en période de tempête elles se remplissent d’eau et par la suite il faut refaire cette seule voie d’accès vers les habitations.



Des vaches en liberté déambulent en fond de vallée et l’écho de leurs beuglements donne à l’endroit un air de sanctuaire intact encore exacerbé par le fait qu’on ne voit aucun autre signe de vie.

Çà et là on a droit à des explications du jeune ranger sur l’histoire du lieu et à propos de sa culture, mais surtout on ne se gênera pas pour le bombarder de questions pendant les 3h de la marche.




Lui et sa famille vivent dans les gorges, il est donc bien placé pour nous répondre. Le canyon de Chelly dit Tsegi pour les Navajo est un foyer physique et spirituel. Ce peuple est relié au canyon d’où émerge leur culture. Après des centaines d’années de migration ils décidèrent de se fixer ici et d’y mener une existence paisible.

Cependant, cela fut de courte durée, vers la fin 1700 des guerres éclatèrent avec les autres tributs et les espagnols. Les navajos utilisèrent le canyon comme refuge et fortifièrent certains endroits mais cela ne suffit pas. Les militaires US offrirent tout d’abord la paix aux navajos qui fut rompue en 1863 lorsque les forces armées entamèrent une brutale campagne au sein du canyon. La plupart des navajos furent tués ou capturés et les survivants forcés d’accomplir « la longue marche ». En effet, humiliation suprême pour eux, ils durent parcourir à pieds les 300 miles (environ 500km) les séparant de Fort Sumner au Nouveau Mexique. Ceux qui ne moururent pas de fatigue ou de déshydratation furent emprisonnés jusqu’en 1868 date à laquelle ils purent rallier leurs terres dévastées.





Nous voyant tous avec nos appareils photos, Travis nous prévient qu’il est interdit de photographier sans autorisation les Navajos, leurs habitations et même les animaux que l’on pourrait croiser.



En effet, les Navajos laissent la plupart de leur cheptel en liberté, bien qu’ils aient des propriétaires et qu’ils soient marqués, la coutume veux qu’il soit laissé livrer à eux-mêmes. On croisera bien souvent des chevaux sauvages galopant le long ou à travers des routes.


 




Nos pieds se posent enfin sur le sol sableux du fond du canyon, la végétation nous entoure notamment des fleurs blanches au parfum de roses et des arbres fruitiers dont les ours raffolent le froid arrivant.

On aperçoit une petite ferme Navajo entouré par un champ d’Alfalfa et quelques moutons. On continue vers le fond des gorges tout en discutant avec le guide et les autres randonneurs.





Il y a avec nous un couple de professeur responsable d’une école Navajo qui nous fournit tout un choix de livres à compulser sur le sujet. Il est intéressant de voir les différences d’opinions et de ressenti entre un indien et les américains sur différents sujets comme par exemple la chasse qui surgit au milieu d’une conversation.

 On a alors le droit à une anecdote de notre guide qui nous raconte comment petit il suivait sa grand-mère a la chasse qui traquait pendant des heures une biche en suivant ses traces… le cliché d’indien déchiffrant les traces dans le sable nous vient immédiatement a l’esprit. Maintenant on sait que même dans ces cliches il y a bien un fond de vérité ! Et bien évidemment de l’autre côté, un américain ne jurant que par son gros fusil longue portée…


Toujours enfoncé dans le sable, on discerne ça et là des peintures pueblos anciennes à même la roche. On apprend que les Navajos refusent d’approcher des lieux de sépultures de leurs ancêtres. Il leur faut en effet réaliser une cérémonie particulière en l’honneur du défunt qu’il connaissait pour pouvoir se rendre à nouveau sur le lieu de sa mort.

La marche continue vers l’issue de notre voyage, des ruines pueblos situées à flanc de la falaise. D’un style particulier à l’endroit, avec leurs murs fins en pierre bien alignés et taillés en forme de briques.
Il fallait plusieurs années pour assembler les structures, le temps de tailler les pierres et d’aller chercher l’argile plus au nord pour le mortier. On aura le droit à une pose de quelques minutes sur place, le temps d’avaler une barre énergétique il faut revenir sur nos pas.

Pour certain la descente vers le fond du canyon a été dure, pour un de nos compagnon d’aventure américain la remontée sera encore plus difficile. Bien qu’on emprunte le même chemin, il est à nos yeux de profane aussi invisible que plus tôt. Une chance de plus d’admirer les ingénieuses marches et prises parfois indispensables sculptées dans les parois il y a plusieurs centaines d’années.


On se sent comme des cabris caracolant joyeusement à la verticale des falaises. Après de multiples petites pauses le long de la montée, on arrive enfin au sommet. Un peu plus de 3 heures se sont écoulées, mais c’est passé bien trop vite.



On retourne au visitor center où on fait nos adieux à notre guide et on reprend la voiture direction le versant sud du canyon. On continue jusqu’à l’extrémité de la route vers le spider rock overlook où deux rochers dominent sur le fond du canyon et ses grandes prairies.

Un troupeau de chevaux sauvage passe au galop sous nos yeux le long du cours de la rivière.













Puis on termine la visite par le white house overlook, accès à la seule randonnée que l’on peut faire sans guide.  De notre hauteur on observe au loin un énième vestige d’habitation troglodyte.








Ce canyon verdoyant slalomant entre les roches est une nouvelle fois splendide, décidemment qu'est ce qu'on aura aimé cet endroit !









Après tout ça, certains auraient peut-être considéré que ça faisait une belle journée...











Mais aujourd‘hui on a aussi décidé d’aller visiter Monument Valley 230 km plus au Nord dans la réserve.

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